Bal tragique à Charlie : 17 morts
Par gibello le lundi, janvier 19 2015, 13:54 - Divers... - Lien permanent
Vous espérez peut-être, sous ce titre, une analyse de plus de récents événements tragiques, digne comme il se doit du Café du Commerce (comme la plupart de celles parues dans les divers média, blogs, tweets, etc... ces derniers jours) ?
Que nenni. Je vais plutôt vous la faire façon interro écrite, genre concours d'entrée à l'Ecole de la Magistrature (option Liberté d'expression). Quoique je doute qu'une telle épreuve existe, mais je m'en tape.
Voici donc un sujet sur lequel plancher...
Dans un tweet enflammé s'inscrivant dans le débat qui suit l'attaque terroriste de Charlie, un internaute poste ceci :
"Qu'un sang impur abreuve nos sillons".
A) Cet internaute est musulman : peut-il être poursuivi pour apologie du terrorisme ? pour incitation à la haine raciale ?
B) Cet internaute est juif : peut-il être poursuivi pour antisémitisme ?
C) Cet internaute est français : peut-il être poursuivi pour outrage à l'hymne national ?
D) L'internaute est poursuivi, et l'avocat de la défense le présente comme "un patriote ayant simplement cité un vers de la Marseillaise". Quel(s) argument(s) lui opposeriez-vous si vous représentiez le Parquet ?
E) Pensez-vous que les limites légales à la liberté d'expression doivent s'appliquer de la même manière à tous, ou la justice doit-elle les interpréter en fonction de l'appartenance ethnique, religieuse ou politique du sujet, de sa catégorie sociale, de son niveau d'éducation ?
F) La justice doit-elle moduler sa réponse en fonction de l'actualité récente, ou au contraire faire preuve de stabilité dans le temps ?
Et voilà... Je vous souhaite bonne chance. Et surtout, de vous poser plein de question sur l'opportunité (et la vanité...) de poser des limites légales à la liberté d'expression ! Quant à l'esprit ou la lettre de notre Hymne National, ce n'est guère lui faire outrage que de les questionner... Et je n'épiloguerai pas sur la contradiction criante entre nos lois liberticides et notre discours bien-pensant en faveur d'une illusoire "liberté d'expression" : d'autres l'ont déjà fait, certains avec talent !