A première vue, je vous avouerai franchement que les caricatures de Mahomet affublé d'une bombe dans son turban m'ont paru déplacées, et je continue à partager la juste indignation des musulmans aussi longtemps que le message est pris au premier degré (assimiler l'Islam au terrorisme est fondamentalement inadmissible).
La suite des évènements m'a fait quelque peu changer d'avis : ceux qui ont réagi par la violence sont justement ceux qui assimilent Islam et terrorisme. Et c'est eux qui ont été visés par le caricaturiste, c'est LEUR prophète qui a été représenté, pas celui des musulmans pour qui l'Islam est une religion.
Le caricaturiste a donc visé juste - la démesure des réactions le prouve.
Le prophète qu'il a croqué n'est pas celui des musulmans, c'est celui de ceux qui instrumentalisent la religion à des fins politiques, économiques ou personnelles.
Le blasphème est-il vraiment du côté que l'on croit ?

P.S. Mon respect pour les musulmans est, je pense, peu discutable. J'ai voyagé en terre d'Islam (Pakistan, Jordanie, Maroc). Les pakistanais m'ont même laissé très librement entrer dans leurs mosquées, ce que j'ai apprécié infiniment. J'ai la plupart du temps été accueilli avec ouverture d'esprit, et souvent avec plus d'hospitalité que dans bien des pays occidentaux. La ferveur de l'Islam m'a toujours impressionné, et donne à cette religion une dimension sacrée que bien d'autres religions ont perdue.
Par contre, s'il est une chose que je n'admets pas, c'est la récupération partisane du message religieux. Si le blasphème existe, alors le voilà dans sa forme la plus pure - et forcément inexpiable. Les mêmes travers ont existé dans l'histoire pour d'autres religions, le Christianisme en tête (ce n'est pas fini, à entendre le discours ambigu de l'administration Bush...), et je ne suis pas près de les pardonner à l'Eglise !