Blog - Pierre-Yves Gibello

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vendredi, janvier 29 2010

Le "ticket course", ou comment la FFS escroque les skieurs de fond !

Ce billet, qui s'adresse a priori au petit milieu du ski de fond français, peut certainement intéresser les athlètes d'autres disciplines : d'autres fédérations que la nôtre disposant d'une imagination sans bornes lorsqu'il s'agit de se financer (même illégalement !) sur le dos du pratiquant... (si vous n'avez pas de patience pour lire, sachez que ce billet propose une lettre type qui résume assez bien le propos).

Mais revenons au cas de la FFS (Fédération Française de Ski) et de son "ticket course" : escroquerie manifeste qui perdure pourtant depuis des années, sans que ladite fédération ne soit inquiétée... il faut dire que la subtilité du système vaut le détour.

Lorsqu'un fondeur souhaite s'inscrire à un événement populaire (par exemple, la "Transjurassienne" ou la "Foulée Blanche", équivalents pour les fondeurs aux grands marathons pédestres), il a obligation de posséder un titre fédéral.

Il peut s'agir d'une licence compétiteur, ou d'une "Carte Neige" (aux options plus limitées).

A défaut, le pratiquant devra souscrire une sorte de "licence" journalière, appelée "ticket course". Ce ticket course, facturé de 6 à 10 EUR en 2010, est une subtile escroquerie. Explications :

- Le ticket comporte un volet "assurance", non séparable. Le système constitue donc une vente forcée.
A ce niveau, la FFS a tout de même imaginé une parade : il est possible de s'acheter une licence sans assurance (en fait, RC seule... ce qui est déjà discutable). Mais au prix de 64 EUR, soit plus de 10 tickets course. Comme peu de pratiquants occasionnels participent à plus de 10 événements, cela revient à dire qu'ils ont le droit de choisir leur assurance... à condition de payer un dédit à la FFS !
On est donc bien dans le cas d'une vente forcée - mais déjà, le faire valoir devant un tribunal (et le faire comprendre aux gens) est un peu plus compliqué...

- Le ticket comporte également un volet fédéral. Tout aussi illégal, pour une raison simple : il s'agit d'un "enrichissement sans cause" !
Le ticket, quoique réputé "titre fédéral", ne donne droit à aucun des services habituellement attachés à un tel titre : classement national par points, classement dans les championnats, ou autres avantages clients associés à la licence. Donc, vous payez un droit à la fédé... en échange de RIEN !
Eh bien, en France, vendre du rien, c'est interdit ("enrichissement sans cause", c'est assez clair, non ?)

- Enfin, le ticket comporte un volet "organisateur", réservé à l'organisateur de la course. Celui-ci est particulièrement croustillant : l'organisateur est payé, parce que c'est lui qui vend le ticket course, pas la FFS !

Et s'il refuse de le vendre ? Eh bien, sa course est tout simplement déclassée, et ce même si des licenciés y participent (petite mesure de rétorsion visant à réprimer les récalcitrants).
Lors de l'introduction du ticket course, il y a bien des années, quelques courses prestigieuses ont ainsi été déclassées (a posteriori !) pour avoir inscrit des athlètes sans titre fédéral : parmi elles, la Foulée Blanche, ou encore le Marathon de Bessans... excusez du peu !
Rien de tel que de molester quelques boucs émissaires emblématiques pour instaurer l'impôt révolutionnaire...

Ce système a pour le FFS de nombreux avantages : sans rien faire, elle fait vendre des tickets par les organisateurs. Lesquels se livrent donc à une activité illégale... à la place de la FFS !

S'il fallait attaquer quelqu'un, ce serait qui ? Avez-vous déjà vu un athlète désireux d'attaquer un organisateur de course ?? Alors, attaquer la FFS ? Mais elle ne vous a rien vendu, la FFS...
Et puis, quand on vous vole quelques euros, vous allez au tribunal, ou vous vous laissez faire ? Le préjudice est si petit...

Le système a tout de même une légère faille : le volet "organisateur", lequel touche donc un peu d'argent (sans doute pour le dédommager d'avoir à vendre des titres FFS).
Autrement dit, il exerce une activité illégale, mais il est payé pour çà : la FFS est donc le commanditaire, et là, le préjudice est avéré.
Sans doute les juristes de la FFS y ont-ils songé (ils sont, manifestement, si intelligents... que je n'oserais leur faire l'injure de croire qu'ils n'y ont pas pensé). Mais il était difficile de faire autrement, je suppose... donc le risque en valait la chandelle !

Alors, que peut faire le pratiquant de base, puisque c'est, au final, son argent que l'on subtilise ?

Je suggère de saisir, par lettre simple (ou recommandée), la DDCCRF (Répression des Fraudes). Ci-joint, une lettre type, inspirée de la mienne : vous pouvez l'adapter à votre guise (n'hésitez pas), ou simplement l'imprimer, y ajouter vos coordonnées, dater, signer et envoyer.
La DDCCRF peut être saisie par tout citoyen, et doit répondre sur le fond aux questions qui lui sont posées. Elle est donc tenue de vous répondre, si vous envoyez la lettre ! Egalement, si votre saisine est infondée, vous ne risquez rien : simplement, on vous expliquera qu'elle est infondée, et çà s'arrêtera là.
Sur ce type de sujet, elle a, par contre, tendance à botter en touche (d'autant que la DDCCRF de Haute-Savoie n'a pas forcément envie de se mêler des affaires de la FFS). Mais si elle reçoit de nombreuses lettres, il faudra bien qu'elle fasse son travail d'investigation...

Et n'allez pas croire que c'est inutile : en 1999, la Fédération Française d'Athlétisme (FFA) fut condamnée pour des faits comparables par le Conseil d'Etat, saisi par un simple club d'athlétisme (jugement n° 199143 du 2 juillet 1999). Au bénéfice de tous les pratiquants !

J'espère, en tout cas, que ce billet aura été éclairant, concernant les pratiques douteuses de certaines fédérations sportives... Et qu'il incitera davantage d'athlètes, clubs ou organisateurs à réagir !

vendredi, novembre 14 2008

Si la Formule 1 était truquée, çà changerait quoi ?

Ca ne changerait rien (donc, çà ne sert à rien de truquer, si çà ne change rien, pas vrai ?) : démonstration.

GP du Brésil 2008 : il suffirait à Hamilton de terminer 5ème pour être champion du monde - et il assure sa fin de GP, à la 4ème place.
Mais la pluie s'invite dans les derniers tours : changement de pneus, sauf pour quelques opportunistes qui tentent de rallier l'arrivée en pneus sec. Parmi eux, Timo Glock, qui se retrouve dans le tiercé de tête.
A ce niveau, pas d'inquiétude : Hamilton se retrouve 5ème. Mais voilà, Vettel parvient à le dépasser...
Heureusement, dans les derniers hectomètres, Glock perd 6 secondes suite à une erreur de pilotage (hors écran, hélas, cher téléspectateur), permettant à Hamilton de reconquérir sa 5ème place presque sur la ligne !
Même le commentateur de la télé n'en revient pas, il annonçait Hamilton 6ème et c'est l'affichage officiel qui va le démentir... Quant à Glock, faire une telle erreur dans les ultimes secondes alors qu'on a tenu tête 5 tours sous la pluie, c'est vraiment pas de chance, le pauvre...

Bon, après çà, remontons le temps : GP du Brésil 2007 (encore).
Une 6ème place suffit à Hamilton pour être champion du monde (encore...). Mais Alonso est aussi dans le coup - quant à Raikkonen, c'est encore une lointaine menace.
Donc, après un mauvais début de course, Hamilton s'approche de la 6ème place... quand sa F1 fait soudain du sur-place, du fait d'une étrange panne qui se résoudra d'elle-même au bout de quelques dizaines de secondes (les F1 en panne, çà retombe en marche tout seul, parfois).
A ce moment, Alonso est virtuel champion... mais Hamilton se rapproche de nouveau !
Las, McLaren impose à Hamilton une tactique à 3 arrêts (ravitaillement très frugal en essence au 2ème arrêt), alors qu'Alonso et Raikkonen restent sur 2 arrêts (comme tout le monde ce jour-là, d'ailleurs...).
Cette fois, c'est perdu pour Hamilton... mais pas de bol pour Renault, Raikkonen réussit un final invraisemblable, et son équipier Massa termine 2ème (faisant perdre le championnat à Alonso au profit de Raikkonen).

Alors, qu'en conclure ?

Si la F1 était truquée :
- En 2007, des tractations entre écuries auraient conduit McLaren à ralentir Hamilton (en déréglant sa monoplace en piste, puis en lui imposant 3 arrêts voyant que çà ne suffisait pas), pour faire gagner Alonso.
Hélas, la compétition reprenant parfois ses droits, Ferrari aurait réalisé un tel exploit que Renault se serait trouvé le bec dans l'eau... gageons que Raikkonen n'en revient pas encore (à moins que les sus-nommées tractations n'eussent conduit à ralentir aussi Alonso pour faire gagner Raikkonen, mais là çà deviendrait un peu machiavélique).
- En 2008, des tractations entre écuries auraient conduit Glock à freiner dans le dernier partiel du dernier tour (prétextant une erreur due aux conditions météo), permettant à Hamilton d'être champion du monde au détriment de Massa.

Mais heureusement, çà n'était qu'un cauchemar : la F1 n'est pas truquée, et ces résultats découlent de compétitions saines. Cher lecteur, si tu en doutes, sache que tu as des idées tordues !

vendredi, juillet 18 2008

Le Tour défonce

Comme on est tous impatients, chaque année, de retrouver son feuilleton de l'été ! Heureusement, le Tour 2008 tient toutes ses promesses.

Tenez, savez-vous comment le peloton surnomme les accros du dopage ? Des "chaudières". Alors, Saunier-Duval, hein...

Pendant qu'on y est, continuons avec les calembours de 3ème zone, çà détend. A l'approche des Alpes, on se sentirait un rien égrillard : l'une des stars du dopage en altitude, c'est le Viagra (r). Paraît que çà favorise l'oxygénation, en plus de favoriser autre chose : ah, le Mâle des montagnes !

Autre étoile des pharmacies, l'Androgel (r) : une sorte de pommade avec laquelle on se tartine joyeusement, et qui diffuse lentement de la testostérone, transformant le coureur en une sorte d'homme de Cro-Magnon, en plus irascible... Evidemment, si vous confondez çà avec la crème solaire, le plus fluet d'entre vous se verra transformé en macho des plages, avec les poils et tout ! Les filles, gare au gorille...

Mais tout çà, c'est du pipi de chat comparé au dopage sanguin, catégorie à laquelle appartient la fameuse EPO (et aussi un certain PFC, sorte d'hémoglobine artificielle... précédemment utilisée comme gaz propulseur d'aérosol ! Ces types, dites leur que le kérosène fait voler, ils s'en injectent une dose).

Il suffit de relire le désormais classique Menthéour, qui a vécu la naissance de l'EPO : "Grâce à l'EPO, je découvrais un nouveau sport [...] Non content de finir la course, j'y prenais vraiment part, en plaçant des attaques devant les caméras, comme dans mes rêves d'enfant." (pour info, un triathlète qui a officiellement testé le produit il y a quelques années s'est trouvé respirer tous les 11 temps en natation... un vrai phoque !)

Sachant celà, personne n'a été surpris de voir Ricco rouler à 40 à l'heure dans une bosse à 7%... Et le pauvre Di Gregorio, interrogé par Gérard Holtz : "Alors, ce Ricco, il est fort ?" lâchera d'une voix fatiguée, et le regard absent : "Oui, c'est un bon coureur" (sic). Et il aurait pu dire quoi ? "Ce mec, il en a tellement pris qu'il est fluorescent la nuit" ?
Mais le plus stupéfiant, c'est que derrière Ricco, il y a 39 types qui lui concèdent 1 minute (1'17'' exactement). Et là, je me permets de paraphraser Sébastien Chavanel (qui a dit : "Attaquer comme çà dans le col d'Aspin, la bouche fermée, on sait que c'est pas possible") : concéder 1 minute à une fusée pareille, même avec la bouche ouverte...

lundi, janvier 21 2008

La Foulée Blanche en caméra embarquée !

Fervent adepte du ski de fond, j'ai eu récemment l'idée saugrenue de filmer de l'intérieur un départ de course longue distance. Evidemment, pas question de s'encombrer d'un matériel lourd, ni d'ajouter aux contraintes de la course celles de la prise de vue...
J'ai donc choisi de "scotcher" (velcro, en fait) une mini-caméra derrière ma ceinture porte-bidon : en l'occurrence, il s'agit d'une "FlyCam One V2", petit appareil de 40 grammes équipé d'une SD Card et destiné à l'origine au modélisme aérien.
Premier test - peu concluant- au marathon de Bessans : je n'ai filmé que le ciel ! J'ai également découvert que ma caméra ne supportait guère le froid (je scotche donc une chaufferette à mains dessus), et que l'autonomie batterie était fort limitée (c'est le prix de la légèreté).

C'est donc fort de ces expériences que je me suis attelé à filmer le départ de la Foulée Blanche 2008 (42km, style libre), ce 20 Janvier à Autrans : résultat, 7 minutes de vidéo brouillonne et aux couleurs fantaisistes, mais quand même, on y est... sur une fantastique "neige à chrono", l'ambiance des 3 dernières minutes de film est même assez électrique !

Mais trève de bavardages : allez donc voir le résultat sur DailyMotion (lien permanent : http://www.dailymotion.com/video/x44b76_foulee-blanche-2008_sport), en espérant que ce genre d'idée fasse des émules... et attire des skieurs vers nos belles pistes de fond !

lundi, février 27 2006

La fin de l'esprit Olympique ?

Skieur de fond, j'ai suivi avec passion la trajectoire de quelques-uns de mes camarades de course, sélectionnés pour les JO de Turin car appartenant à de "petites" nations.
Parmi eux, Dawa Sherpa le Népalais, Noureddine Bentoumi l'Algérien, et François Soulié dit "Paco" l'Andorran (de loin le plus rapide des trois, et se situant à la limite du niveau international, les deux autres étant de bons amateurs pouvant prétendre à un niveau national en France, au moins pour Noureddine Bentoumi).
Inscrits au 50km libre, leur défi était de finir la course : en effet, il s'agissait de boucler 5 tours de 10km, tout coureur repris par la tête de course étant éliminé. En un mot, il fallait faire 40km avant que les cadors en fassent 50.
Et l'exploit était à leur portée : il "suffit" de skier à 20km/h pendant 2 heures, et au moins deux d'entre eux en étaient capables.

Mais...

A la dernière minute, le CIO a non seulement modifié le règlement (il fallait compter moins de 4km d'avance sur la tête de la course, et non plus se faire rattraper, pour être éliminé), mais en plus a proposé aux "petites" nations une course de consolation (15km) tout en faisant son possible pour les dissuader de prendre le départ de l'épreuve reine.

J'ignore si cette alternative a été proposée à François Soulié; elle l'a été à Noureddine Bentoumi (qui a crânement refusé et a pris le départ du 50km, pour y être éliminé avec panache), et à Dawa Sherpa qui l'a semble-t-il acceptée.

Quant à François Soulié, il a réussi à passer aux 40km, mais n'a pu terminer la course (que l'on m'explique comment ce coureur aurait pu gêner les premiers, alors qu'il n'était plus sur le parcours quand ils ont fini leur dernier tour ! Au nom de quel règlement élimine-t-on un coureur qui est déjà de l'autre côté de la ligne d'arrivée, donc ne peut plus gêner personne ?)

Bref, un bien triste épisode Olympique, sur fond de discrimination notoire et de sport à deux vitesses.

Bien loin de l'idéal des Jeux... Mes amis, vive le sport spectacle et gloire au Saint Pognon !

P.S. Je doute que les athlètes des "grandes" nations cautionnent ce genre de pratique (mais je doute qu'on leur demande leur avis...). Quant à une éventuelle gêne des premiers, j'ai du mal à croire qu'ils soient incapables de doubler à 25km/h un type qui skie à 20km/h (çà équivaut, pour un marcheur, à éviter un type arrêté... quand je pense que les pilotes de F1 doublent des attardés et que tout le monde trouve çà normal !)