La Révolution, c'est à la banque, pas dans la rue !
Par gibello le mardi, février 3 2009, 16:23 - Divers... - Lien permanent
On a vu récemment 1 million de personnes défiler dans la rue. Eh bien, imaginez le même million de personnes se rendant de concert au guichet de sa banque pour y retirer 1.000 EUR de liquide (quitte à les remettre en banque quelques jours plus tard - dès que leurs revendications auraient été entendues : au passage, çà ne coûterait que quelques jours d'intérêt, soit nettement moins qu'un jour de grève...)
Vous ne voyez pas le rapport avec l'action sociale ? Bon, alors réfléchissez un peu :
- Sur le plan médiatique, d'interminables files d'attentes revendicatives devant la moindre agence bancaire de quartier, çà a des chances de passer au 20h, surtout si la communication est bien orchestrée (et l'organisation qui parviendrait à enclencher un tel mouvement ferait pour le moins parler d'elle).
- Sur le plan logistique, les banques devraient s'avérer incapables de fournir en quelques heures 1 milliard d'EUR en billets : outre que réunir une telle somme en liquide n'est pas simple, l'acheminer en bout de réseau saturerait les moyens existants de transport de fonds (sans parler du problème de sécurité).
- Les conséquences psychologiques d'un tel acte seraient incommensurables (ou au moins imprévisibles - ce qui en matière économique est presque pire, car l'imprévisible n'est pas assurable) : on a déjà vu, dans certains pays, la panique déclenchée par le moindre soupçon d'incapacité d'une banque à rendre leur argent aux épargnants... Et si tout le monde, dans la foulée, se ruait au guichet, non plus pour des raisons politiques, mais par crainte de voir ses économies disparaître ? (de fait, les autorités seraient forcées de bloquer les retraits... ce qui ne ferait qu'amplifier la confusion).
Il y a aussi une raison économique fondamentale qui démultiplierait l'efficacité de la méthode : l'argent est créé par le crédit, fourni par les banques. Et les banques ne peuvent prêter à l'infini : elles ont obligation de fournir à la BCE des réserves obligatoires (pour simplifier, 2% de l'en-cours de crédit), et sont soumises à un ratio de solvabilité appelé "ratio Mc Donough" (pour simplifier, de l'ordre de 10% de l'en-cours de crédit) - en gros, une banque qui vous prête 1.000 EUR doit pouvoir justifier de 100 EUR, et déposer 20 EUR à la BCE.
Notre milliard d'EUR retiré aurait donc un impact de 10 à 50 milliards d'EUR sur la création monétaire, selon qu'on prend pour base le ratio Mc Donough ou les réserves obligatoires (les 50 milliards proviennent du fait que le milliard retiré ne pourrait plus être déposé à la BCE, ce qui empêche de fait la création de 50 milliards, en raison des 2% sus-mentionnés).
L'effet de levier, ce n'est pas réservé aux financiers !
Enfin, la méthode donnerait du pouvoir à certaines minorités de l'action syndicale : les retraités, par exemple... tout le monde se fiche bien de voir les retraités en grève, mais s'ils se mettent à retirer quelques milliards d'EUR, çà risque de leur rendre un peu de leur lustre d'antan ! Disons que notre Ministre de l'Economie trouvera soudainement agréable l'idée d'inviter leurs représentants à déjeûner...
Donc, une organisation crédible (syndicale, par exemple) qui menacerait seulement de demander à ses adhérents de manifester en retirant 1.000 EUR de liquide à la banque ferait instantanément figure d'épouvantail... et devrait même légitimement être une cause de terreur absolue : dans le cas où la menace serait mise à exécution, nul ne peut prédire ce qu'il adviendrait du système financier, des taux d'intérêt, et de la valorisation boursière des banques (c'est en celà que la méthode peut être qualifiée de "révolutionnaire" : elle s'en prend à un pilier de l'édifice, et son potentiel d'entraînement n'est pas prédictible).
La simple évocation publique d'une telle possibilité nous forcerait sans doute à réformer le système financier et monétaire (et à le faire réellement, pas seulement en paroles) : faute de quoi celui-ci serait condamné, ensuite, à vivre dans une éternelle incertitude, jusqu'à la prochaine action... Le passage à l'acte ne devrait même pas être nécessaire (ni souhaitable, d'ailleurs, à mon avis !)
Il est étrange que personne n'ait encore songé à faire usage de cette méthode, alors même que nombre de voix s'élèvent pour dénoncer l'absence de contrôle démocratique sur la création monétaire :
Parce que çà, ce n'est pas du "contrôle démocratique de la création monétaire", peut-être ?
Et puis, faire passer la revendication par les banques, dans le contexte actuel, serait d'une indiscutable élégance...
Commentaires
Réouverture (temporaire) des commentaires sur ce billet... qui a connu un succès tardif, bien après les 30 jours d'ouverture initiale.
Je passe donc ma durée max. d'ouverture à commentaires à 90 jours, par défaut, et ce pour tous les billets !
Idem pour les rétroliens, mais je les modère a priori (pour éviter le spam).
Bonne lecture,
PY. Gibello
Bonjour
Pour ma part, je pense que c'est une excellente idée.
C'est sur le blog de Jorion qu'est apparue l'adresse de ce billet
http://www.pauljorion.com/blog/?p=2... , qui a suivi ici:
http://www.pauljorion.com/blog/?p=2...
J'ai commenté ainsi:
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# Anne.J dit :
14 avril 2009 à 09:08
A propos de la “facétie de Gibello ” , l’idée n’est pas de faire tomber les banques mais d’attirer l’attention des médias: il s’agit de retirer de la monnaie fiduciaire et de la remettre en banque quelques jours après, de faire voir des queues se créer devant les banques: tous les jours entre 13 h et 14 h, par exemple
Puisque les banques créent de la “monnaie -dette” par le crédit, que cette monnaie scripturale vient gonfler les comptes des déposants (au point que la monnaie centrale ne représente que 15% de la masse monétaire M1), les banques ne peuvent évidemment servir la demande de billets correspondant aux comptes bancaires… mais ce n’est pas l’important puisque ce n’est pas cette monnaie qui est utilisée dans la majorité des cas et que la monnaie utilisée est toute aussi “valable” (tant que la confiance règne) que la monnaie des banques commerciales… maintenant si cette confiance disparait, il faudra avoir confiance dans les billets de la banque centrale (vrais billets ou faux billets?)
Le but de cette “facétie de Gibello” est de faire prendre conscience à la population de la “facétie bancaire” des banques qui se sont arrogées le droit de créer la monnaie alors que cette création ndevrait être réservée à la collectivité, donc à l’État.
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Je diffuse, on ne sait jamais...
Anne J.