J'ai 38 ans : environ la moitié de mon "espérance de vie". Qu'il est tentant de se reposer sur une telle certitude ! Pourtant, qui n'a jamais eu la sensation étrange que le temps s'accélère, que les années défilent de plus en plus vite ?
Travail, responsabilités, rythme de la vie d'adulte : heureusement, les explications rassurantes ne manquent pas.

Pourtant...

Le seul temps qui ait une valeur, c'est celui de l'expérience vécue. Il est composé de l'accumulation des expériences, de la somme de ce que vous êtes capable d' "enregistrer". C'est de la durée, plutôt que du temps.

Cette durée dépend de la vitesse d' "enregistrement", pas du rythme de l'horloge : le temps de votre vie, c'est celui de votre horloge interne, qui détermine le nombre d'expériences que vous pouvez accumuler par unité de temps réel.

Et tout porte à croire que cette horloge interne ralentit, par rapport à l'horloge du salon : en quelque sorte, la "densité" de la vie est bien supérieure pour un bébé à ce qu'elle est pour un vieillard. Le jeune traite et accumule les informations plus vite que l'ancien.

Pour simplifier, faisons l'hypothèse suivante, fictive mais assez éclairante : vous vivez 80 ans; pendant les premiers 40 ans, vous accumulez une expérience par seconde, et pendant les 40 ans suivants une expérience toutes les 2 secondes.
Dans ce cas, il est facile de comprendre que vos 40 dernières années s'écouleraient 2 fois plus vite que les 40 premières.

Bien sûr, la variation n'est pas aussi nette. Elle est progressive. Mais le résultat est le même : plus votre horloge interne ralentit, plus le temps vécu s'accélère, et plus la durée de vie qui vous reste fond à vue d'oeil. La fin de votre vie passera bien plus vite que le début.

Le temps qui s'accélère n'aurait donc rien d'une illusion : beaucoup n'imaginent pas que leur fin s'approche à si grands pas.
Et si j'ai quelque peu troublé votre quiétude, il vous reste au moins le temps d'espérer que je me sois trompé !