Décidément, l'injustice sociale se généralise, ces temps-ci. Aussi, si j'étais certain grand patron montré du doigt ces derniers jours, voici le genre de missive que je ne manquerais pas d'envoyer au Conseil des Prudhommes, afin de défendre ma cause (je laisse d'ailleurs ledit patron libre de réutiliser comme bon lui semble ce modeste billet : je ne lui demanderai pas d'honoraires, quand bien même il n'en changerait pas une virgule).


A : M. le Secrétaire Général du Conseil des Prudhommes

Monsieur,

Mon contrat de travail prévoit, en cas de rupture, une clause d'indemnisation, que de mauvaises langues ont à coeur d'affubler du sobriquet de "parachute doré".
Or, mon contrat se voyant rompu, je ne fais que demander l'exécution des clauses qu'il prévoit.

Mais là, surprise : m'en voudrait-on ? Comploterait-on contre moi ? L'actualité récente semble hélas en attester.

La présidente du Medef, avec des accents dignes d'Arlette Laguiller, me choisit comme bouc émissaire pour dénoncer ces patrons qui ne respectent ni leur entreprise, ni leur salariés.
Il est vrai qu'elle représente des employeurs parfois peu enclins au respect des contrats de travail : mais on franchit là les limites de la dignité.

Le Président de la République lui-même va jusqu'à prétendre que le versement de mes indemnités contractuelles serait "irresponsable" et "malhonnête" :
dans quelle République bananière vivons-nous, dont le Président juge malhonnête que les contrats soient respectés ?

Même la presse, cette infidèle qui me fut autrefois favorable, voudrait me clouer au pilori, et me pousser à restituer avec contrition des sommes qui me sont dues : avec quelle légitimité ? Je vous en laisse juge.

Monsieur le Secrétaire Général, je vous demande donc, au nom de la justice sociale, de m'apporter votre soutien, afin que mes indemnités contractuelles me soient versées, comme elles seront versées à mes anciens salariés licenciés (à noter que nul ne qualifie leurs indemnités de licenciement de "parachute doré" : l'outrance est à sens unique).

J'en suis comme vous persuadé : le contrat de travail est un pilier de notre société. Soyons ensemble l'emblême de sa respectabilité.

Dans l'attente de votre réponse, je vous prie d'agréer (etc...)